Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Paysages des Landes de Gascogne : l'exemple de Lugos

Publié le par Paesaggio

Pour certains le paysage s'appréhende à l'échelle de grands ensembles régionaux tels que les Landes de Gascogne ou le massif des Pyrénées. Le danger est alors de rester dans des généralités ennuyeuses, du déjà-écrit, voire pire, du déjà-lu. Cela est d'autant plus vrai que l'on est alors tenté de passer directement à l'explication, la description générale étant considérée comme de peu d'intérêt. A cette échelle, ce jugement est d'ailleurs exact, sauf à se lancer dans un descriptif remplissant plusieurs gros ouvrages.

On peut à l'inverse se limiter au petit lopin d'espace que l'on a devant les yeux, exercice passionnant pratiqué par les peintres et les aquarellistes mais aussi, plus rarement et avec délice, par  les géographes vidaliens. Ici, nous avons choisi une échelle intermédiaire, celle de la commune, entité territoriale porteuse d'une certaine dose d'identité s'exprimant de temps en temps en termes d'esprit de clocher. Nous avons choisi Lugos, commune très étendue (6 200 ha) mais très peu peuplée (900 habitants environ) dans le Pays de Buch - Sud girondin.

Parler du paysage c'est d'abord le décrire dans son aspect hétérogène ou "pluriel" comme disent les pédants. On détermine alors de grandes unités paysagères. Pourquoi "grandes" ? Parceque l'on peut toujours définir des sous-unités, voire des sous-sous unités... et mieux avec le microscope.

Nous nous limiterons aujourd'hui à la mise en lumière de ces grandes unités. Pour cela, il sera essentiel de consulter des cartes topographiques et d'ouvrir Google earth, à moins de disposer de photographies aériennes récentes et de connaître le terrain. Ne pas avoir parcouru le terrain  conduit en effet à produire un travail académique du style des TD de "commentaire de cartes" bien connus des étudiants de géographie.

Une pompe à pétrole : on en voit l'ombre

Une pompe à pétrole : on en voit l'ombre

Extrait de la carte de 1877 : Lugos correspond au Vieux-Lugos !

Extrait de la carte de 1877 : Lugos correspond au Vieux-Lugos !

La commune de Lugos

La commune de Lugos

La forêt cultivée à pins maritimes du plateau landais : sur podzols atlantiques à alios, elle couvre l'essentiel de la commune. Elle occupe la vue, l'odorat (bonne odeur de résine) et l'ouïe là où se rassemblent les cigales pour chanter. Loin de la monotone pinède de Victor Hugo, elle est prodigieusement diverse en fonction de paramètres comme l'âge des arbres ou leur densité.

Les clairières : elles dépendent pour l'essentiel de l'exploitation de la pinède mais aussi des récentes grandes tempêtes. Elles prennent diverses formes, notamment en fonction des plantes qui les occupent. Les pare-feux : ce sont des clairières linéaires prévues pour lutter contre le feu.

La vallée de l'Eyre : il s'agit d'un cours d'eau, l'Eyre, et de ses petits affluents. L'été on y observe un flux continu de kayaks. Leur vallée est encaissée sur le plateau landais. Le talus est artificiel car on y a exploité la garluche pour construire les maisons et pour extraire du fer. La ripiisilve de l'Eyre : elle est formée de chênes et d'aulnes sur alluvions. On y observe de magnifiques osmondes royales.

La grande culture par aspersion : il ne s'agit pas seulement de maïs : toutes les cultures tempérées sont possibles grâce à l'aspersion d'eau enrichie en engrais.

Les anciens champs : jusque dans les années 60, il y avait une agriculture vivrière y compris la vigne et un élevage : mules d'attelage, vaches. Les anciens champs se reconnaissent au parcelles, petites, et au foullis végétal actuel.

Les dunes continentales : couvertes de forêt, plutôt basses (moins de dix mètres).

Les lagües ou lagunes : ce sont des dépressions fermées à la suface du plateau landais. On y observe parfois une tourbière.

Les puits de pétrole : il y a une activité extractive par pompage à Lugos. Lien intéressant avec les paysages d'un lointain passé.

L'habitat ancien : il est très lâche. Plutôt que d'airials (collectifs !) il s'agit de prairies complantées de chênes et d'arbres fruitiers. Les vraies maison traditionnelles rurales possèdent un auvent et n'ont pas de colombages. Les granges de bois couvertes de tuiles romaines sont indissociables. On peut concevoir une typologie de cet habitat.

Les lotissements récents : amas de maisons généralement bien conçues mais sans caractère identitaire prononcé. C'est dommage vu que l'on se trouve dans un parc régional.

Les bâtiments collectifs : églises, mairie, écoles primaires, restaurant, rares commerces. L'église du Vieux-Lugos en garluche est classée au patrimoine de l'UNESCO.

Les axes viaires : voie ferrée rectiligne, autoroute et annexes, départementales, chemins remblayés. Il s'agit d'axes structurants. Il n'y a une véritable ambiance paysagère que sur l'autoroute et la voie ferrée.

L'église du Vieux-Lugos et la ripiisilve de l'Eyre

L'église du Vieux-Lugos et la ripiisilve de l'Eyre

1. Le centre du bourg de Lugos : au NE, on voit l'église et le cimetière.   2. Lotissement récent.
1. Le centre du bourg de Lugos : au NE, on voit l'église et le cimetière.   2. Lotissement récent.

1. Le centre du bourg de Lugos : au NE, on voit l'église et le cimetière. 2. Lotissement récent.

La Lagune : en fait, une lagüe !

La Lagune : en fait, une lagüe !